CHÂTEAU DE L’ÉCLAIR, BEAUJOLAIS lls ont devancé la réglementation de l'étiquetage
Le beaujolais nouveau 2023 du Château de l’Éclair fait partie des premières cuvées à satisfaire la nouvelle réglementation étiquetage. Une manière de tester les procédures et d’apporter un retour d’expérience aux vignerons.
E = 301 Kj / 72 Kcal (100 ml) et un QR Code (raisins, sulfites) : au Château de l'Éclair, le domaine expérimental de la Sicarex-Beaujolais, les étiquettes des beaujolais 2022 et beaujolais nouveau 2023 portent déjà les mentions qui ne seront obligatoires que pour les vins vinifiés après le 8 décembre 2023. « Comme tout était prêt, nous avons pensé : autant aller jusqu'au bout de la démarche »,
résume Fanny Courtial, la responsable commerciale. Outre la production de vin, la mission du Château de l'Éclair est de servir de support aux expérimentations de l'IFV et de défricher les nouvelles procédures pour en faire profiter les viticulteurs de la région.
PRISE EN MAIN RAPIDE AVEC VINISCAN
Lorsque la nouvelle obligation d'étiqueter les ingrédients et les valeurs nutritionnelles s'est profilée, l'équipe du Château a souhaité prendre les devants. « Nous avons commencé à nous interroger début 2023, en cherchant des prestataires, indique la responsable. Pu/s lorsque la commission commerciale viticole des ODG du Beaujolais a commencé à travailler sur VINISCAN, nous avons participé
à la mise au point de la plateforme. «Viniscan1 est un outil dont le développement a été mutualisé par les organisations professionnelles ou interprofessionnelles de plusieurs régions : Beaujolais, Languedoc, Roussillon, Champagne, AOC du Sud-Est, Bourgogne, Jura.
Un outil « très simple d'utilisation, dont la prise en main est rapide », témoigne Fanny Courtial. Parmi les avantages qu'elle souligne : la traduction automatique des informations dans la langue du pays où le QR Code est scanné. En cas d'oubli ou d'erreur dans la saisie des informations liées à une cuvée, celles-ci peuvent être modifiées sans avoir à changer le QR Code. Un plus si la correction est nécessaire après que la bouteille a été commercialisée.
« Les fiches des cuvées restent disponibles dans son espace personnel, on peut donc dupliquer la fiche du millésime 2022 pour créer la base du millésime 2023, ce qui gagne du temps », indique la responsable. La durée de vie des informations est supérieure à dix ans, ce qui offre l'assurance de respecter la réglementation qui demande que les informations soient consultables jusqu'à ce que la dernière bouteille de la cuvée soit bue. La plateforme respecte également l'exigence de ne pas tracker les usagers.
Le QR Code a été placé sur la contre-étiquette, afin qu'il se trouve dans le même champ visuel que les autres mentions légales, comme la réglementation le demande. Celle-ci n'étant pas encore très claire concernant la taille des éléments, la taille de la typographie a été choisie assez grande, pour plus de lisibilité, dans une logique de transparence.
Un petit « i » a été ajouté au centre du QR Code pour donner un indice aux consommateurs, à défaut de trouver la place pour indiquer en toutes lettres sur quoi il porte. Les clients ont été informés de cette nouveauté, afin qu'ils puissent eux-mêmes répondre aux éventuelles interrogations de leurs clients.
AUXILIAIRES À NE PAS MENTIONNER
Côté oenologie, « nous ne nous sentions pas mal à l'aise de mettre en avantnos ingrédients », souligne la responsable. L'application de la réglementation n'a pas fait évoluer les pratiques, déjà très peu interventionnistes.
Le domaine utilise des levures, pour la plupart issues de la sélection beaujolaise. « Nous levurons systématiquement pour fermenter rapidement et qu'ainsi le CO2 produit par les levures joue rapidement un rôle d'inertage "gratuit" en début de FA », indique Valérie Lempereur, oenologue à l'IFV, qui souhaité sécuriser les fermentations. En cas de carence en azote des moûts, révélée à l'encuvage par l'analyse, du phosphate diammonique est ajouté. Parfois des enzymes de clarification sont utilisées pour faciliter la filtration.
Tous ces produits oenologiques étant classés comme auxiliaires, ils ne sont pas à mentionner. De fait, la liste des ingrédients ne comprend que les raisins et les sulfites.
VALEUR-TYPE OU PERSONNALISÉE
Pour le calcul de la valeur nutritionnelle, la réglementation accepte deux options : appliquer les valeurs moyennes type ou calculer ses propres valeurs à partir des analyses des sucres et de l'alcool contenus dans les vins. « Nous avons choisi cette deuxième option, car elle était un peu plus avantageuse pour nos vins : d'après l'analyse, ils sont à 72 Kcal/100 ml contre 79 Kcal pour la valeur type. » Une petite différence qui peut peut-être emporter une décision d'achat une fois le vin en rayon. « Cette réglementation n'est pas anodine, remarque Fanny Courtial. Elle amène à questionner ses pratiques, mais elle n'est pas insurmontable. On peut créer son QR Code en dix minutes », affirme-t elle, même si elle reconnaît que l'existence d'une bonne traçabilité interne peut faciliter l'opération.
Irène Aubert
(1)La plateforme porte des noms différents en fonction de la région : Vitiquette en Champagne, Vinicode en Bourgogne et Jura.